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  Les temples et les églises sont-ils le lieu premier de la quête de sacré ?  Certainement pas. Historiquement la première religion du monde est l'animisme. Nos ancêtres sentaient des forces, des esprits dans la Nature. Alors je suis devenu guide de randonnée professionnel en 2005. Ce fut le premier pas de côté, et cela m'a fait du bien. Sans m'éloigner du Christianisme, contrairement à ce que j'avais cru au début.

  En 2008 je déménage en Autriche. J'ai prévu d'y rebondir professionnellement en retournant dans la finance d'entreprise. Mais la Vie a prévu autre chose. Je me retrouve au Wurzerhof, une ferme en biodynamie associée à un centre pour personnes en situation de handicap, fondés par ma famille.

  C'est une période où je retourne à la messe. C'est plus facile dans cette campagne, qui a gardé ses traditions catholiques, que dans les villes et leur rythme athée. Ici le Christianisme se voit encore dans le paysage, presque à chaque croisement de chemins.

  Je suis aussi ténor dans deux chorales. L'une d'elle organise un évènement tous les ans le 24 décembre dans l'hôpital de la ville géré par un ordre religieux : Nous chantons pour les patients qui ne seront pas chez eux le jour de Noël. Pendant quelques années cela a représenté pour moi la véritable fête de Noël.

  Un autre évènement se déroule en décembre dans la ferme : le mystère de la Nativité. Les mystères sont des pièces de théâtre religieuses qu'on jouait devant les églises au Moyen-Âge, et qu'on joue encore parfois dans la campagne autrichienne. Nous donnons notre spectacle dans l'étable... au milieu des vaches !

   Le christianisme s'exprime aussi à travers des objets. Le plus connu est la croix. Mais avez-vous envie d'un crucifix ? Et si on essayait un "resurrectix" ? Regardez le et vous comprendrez pourquoi il nous parle de résurrection plutôt que de crucifixion. C'est une croix qui dégage une belle énergie de confiance dans la Vie.

  Faut-il être prêtre pour avoir un calice ? J'hésite pendant dix ans, et rentré à Paris je m'autorise à aller voir un tourneur sur bois et à commander des fleurs de myosotis sur internet. Une fois l'objet terminé, un oiseau (en feutre de laine) pouvant symboliser une colombe de la Paix ou l'Esprit Saint va y trouver également sa place.

  Les quatre années passées en Autriche ont permis d'aller à la rencontre de la biodynamie et de l'anthroposophie. Mon grand-père allemand et ma grand-mère autrichienne furent des anthroposophes et des pionniers de la biodynamie. Leurs deux fermes sont en biodynamie depuis 1927/1928 (bientôt un siècle). 

 

  Erhard Bartsch a été l'un des co-organisateurs de ce qu'on appelle en français le "Cours aux agriculteurs". C'est le cycle de conférences qui conceptualisa la biodynamie en 1924. Il fut aussi le premier directeur de la première coopérative de distribution des produits labelisés "demeter", et le président de l'association demeter Allemagne d'environ 1930 jusqu'à son interdiction par le pouvoir nazi en 1941.

 

  Aujourd'hui, au sein du monde agricole, c'est dans le vignoble qu'il y a proportion-nellement le plus d'exploitations labelisées en biodynamie. C'est également dans le vin que le goût profite le plus des techniques qu'elle a développées. Mais n'étant pas vigneron, je ne vais pas vous parler des techniques. C'est la dimension spirituelle de la biodynamie qui m'intéresse, parce qu'elle fut conceptualisée par des chrétiens.

  Qu'est-ce qui est intéressant ? Le christianisme avait exclu la nature de notre système de croyance en devenant la religion officielle de l'Empire romain puis de l'Europe féodale. La biodynamie redonne à la nature sa place spirituelle, en lien avec les différentes règnes (minéral, végétal, animal et humain) et l'univers. S'agit-il d'une vision dépassée (années 1920) ou au contraire avant-gardiste (pour le 21e siècle) ?

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